The Canadian Tribute to Human Rights


Avant le dévoilement

Chaque génération définit les droits de la personne en tenant compte de son propre contexte social et politique. La définition qu’en donne un bénévole rend bien l’esprit qui anime le Monument canadien pour les droits de la personne :

« L’étendue des droit humains dont jouit une société indique le niveau de civilisation que cette société a atteint. La qualité de traitement et le niveau de respect que chacun accorde à l’autre en sont les mesures ».

En 1989 et 1990, nous avons tous été émus par la lutte pour la liberté que les citoyens de l’Europe centrale, les peuples de l’U.R.S.S., les Noirs d’Afrique du Sud et d’autres ont menée. Bien que chaque développement soit dramatique, ce sont des années d’efforts et d’endurance qui ont jeté les bases de ces victoires. Les luttes dans les autres pays nous touchent et nous appellent à la solidarité. Les grandes choses n’arrivent pas aisément. De même le projet du Monument canadien pour les droits de la personne n’était en 1983 que la vision de quelques-uns ; puis, des centaines de personnes ont cru qu’il fallait rappeler de façon tangible aux citoyens de ce pays que les droits de la personne exercent une influence certaine sur leur vie quotidienne, leur sens de la dignité et souvent leur survie.

Lorsque la nouvelle de la lutte du syndicat polonais Solidarność s’est répandue dans le monde, en 1980-1981, les Canadiens ont appuyé les efforts de la société polonaise pour transformer un régime totalitaire par des moyens non violents. L’imposition de la loi martiale elle-même n’a pas réussi à freiner ce mouvement social croissant fondé sur le respect des droits fondamentaux.

En 1983, des membres du Congrès polonais du Canada formèrent le projet de commémorer publiquement la lutte acharné qui se poursuivait pour les droits de la personne en Pologne. La lettre que Lech Walesa adressa cette année-là à l’un des initiateurs de ce projet (Hania Fedorowicz) souligne, par ailleurs, l’universalité de ces droits. En moins d’une décennie, l’exemple du peuple polonais a porté fruit : une série d’événements a transformé l’ordre politique de l’Europe et posé les fondations de l’abolissement de la guerre froide.

Inspiré par ces événements, un groupe de Canadiens se réunit le 10 décembre 1983 – Journée mondiale des droits de la personne – pour créer un symbole artistique permanent de la lute historique et continuelle menée par des femmes, des hommes et des enfants de partout pour la préservation des droits fondamentaux. Sept mois plus tard, un organisme de charité, à base communautaire, est constitué et porte le nom de Monument canadien pour les droits de la personne Inc.

Un comité de direction formé de bénévoles est appuyé d’un personnel réduit, de 36 parrains et d’environ 400 organismes locaux et nationaux représentant toute les couches de la société, sans compter de nombreuses compagnies et des instances gouvernementales de tous les échelons.

En 1984, la Municipalité régionale d’Ottawa-Carleton fait don d’un terrain sur la rue Elgin. Un concours national très publicisé, comportant deux étapes, est lancé en 1985. Dans la livraison d’hiver 1986, la revue Canadian Art écrit que

« …la commande sensé d’une sculpture a été menée dès l’origine avec équité et a donné d’excellents résultats ».

Cent vingt-neuf artistes et architectes du Canada ont participé au concours. M. André Fortier, ancien président du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et ancien directeur du Conseil des Arts du Canada, présidait le comité de sélection composé de Canadiens éminents en provenance de toutes les régions du pays. Les membres étaient Sheila Butler, artiste et professeure à l’Université de Winnipeg ; Phyllis Lambert, historienne et directrice du Centre canadien pour l’architecture ; Suzanne Rivard-Lemoyne, artiste et professeure à l’Université d’Ottawa ; Mary Pratt, artiste de Baie Sainte-Marie (Terre-Neuve) ; Larry Richards, architecte et directeur de l’École d’architecture de l’Université de Waterloo ; Jack Shadbolt, artiste et professeur à l’École des beaux-arts de Vancouver ; et Pierre Théberge, conservateur et directeur du Musé des beaux-arts de Montréal.

Les dix artistes suivants ont été choisis en février 1986 : Baird/Sampson, architectes torontois ; Melvin Charney, artiste-architecte montréalais ; Stephen Cruise, artiste de Willowdale ; Max Dean & Associés, artistes-designers établis à Ottawa, Winnipeg et Vancouver ; Michel Goulet, artiste montréalais ; Jamelie Hassan, artiste de London (Ontario) ; Al McWilliams, artiste de Vancouver ; Judith Schwartz, artiste torontoise ; Claude Tousignant, artiste montréalais ; et Irene Whittome, artiste montréalaise. Chacun et chacune reçurent un cachet de 5 000 $ pour préparer une maquette devant être présentée avant le 31 août 1986.

En septembre 1986, le jury choisit à l’unanimité la proposition de Melvin Charney et lui accorde un prix de 10 000 $ pour son impressionnante sculpture qui raconte, à travers le granit et le béton, la lutte pour les doits de la personne.

Le jury souligne la dignité et la robustesse de l’œuvre, son intégration avec les édifices environnants, et loue Charney pour son utilisation de symboles riches de nombreux sens. Par la suite, le projet est approuvé à l’unanimité par le conseil de la Municipalité régionales d’Ottawa-Carleton, qui avait fait don du terrain.

La campagne de souscription pour la construction commence le 13 avril 1988 ; en moins de cinq mois, le projet a un pied-à-terre grâce au bureau mis à sa disposition par la Commission de la capitale nationale.

La levée de la première pelletée de terre a lieu lors d’une cérémonie en novembre 1988 ; le mois suivant, le Monument canadien pour les droits de la personne souligne le 40e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. La construction proprement dite commence en juillet 1989.

En novembre 1989, le lauréat du prix Nobel de la paix, Lech Walesa, se rend sur le site du Monument en compagnie de la présidente du Congrès canadien du travail, Shirley Carr. Il s’engage symboliquement sur le sentier qui mène au Monument, sentier qui conduit vers un monde de paix où les droits humains se développent de manière non-violente, protégés en cela par des lois et constamment célébrés par des communautés à la fois vigilantes et préoccupées.

Le 19 décembre 1989, Ed Broadbent, président du Centre international pour les droits de la personne et le développement démocratique, situé à Montréal, est le premier à signer le livre de condoléances placé près du Monument lors du décès d’Andrei Sakharov, prix Nobel de la paix et membre fondateur du Comité des droits de la personne à Moscou. Signé par des centaines de Canadiens, ce livre est ensuite acheminé à sa veuve Yelena Bonner.

Dans la nuit glaciale du 19 décembre, des citoyens d’origine hongroise établis à Ottawa se rendent sur le site du monument et tiennent une vigile en vue de dénoncer le massacre de milliers de Roumains, à Timisoara, sous le régime de Ceausescu.

Moment on ne peut plus émouvant puisque le site du Monument, encore en construction sous la neige, remplit déjà son mandat en servant de point de ralliement à des énergies orientées vers un monde plus juste et plus humain.

 
















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